Rencontre avec Vincent Baholet, le nouveau Président d’ACIDD
Délégué général de la Fondation FACE depuis 2009, Vincent Baholet est également le nouveau Président d’ACIDD. Il succède ainsi à Gilles Berhault, son fondateur, qui prend les fonctions de Délégué général de l’association…Il se présente et nous livre sa vision sur l’évolution d’ACIDD.
Vincent Baholet, vous êtes depuis peu, le nouveau Président d’ACIDD. Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs et adhérents ?
À 50 ans, mon parcours professionnel allie économique et social. L’essentiel de ma carrière s’est déroulée au sein du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM). J’ai également exercé des activités de conseil en stratégie et ingénierie sociales (RSE) et d’appui au développement territorial… Et, depuis la fin 2009, je suis le Délégué général de la Fondation FACE.
Quelle est la vocation de la Fondation FACE ?
FACE est une Fondation Reconnue d’Utilité Publique depuis 1994 et Fondation abritante depuis 2013. Initiée par Martine Aubry, elle a été créée par 13 grands groupes français en octobre 1993. Sa vocation est de prévenir et de lutter contre toutes les formes d’exclusion, de discrimination et de pauvreté, à partir des acteurs économiques. Organisée en réseau (une cinquantaine de Clubs d’entreprises, plus de 350 sites d’action, environ 250 collaborateurs et collaboratrices), FACE rassemble plus de 5 200 entreprises de toutes tailles et travaille en collaboration avec une multitude de parties prenantes (associations, institutions, personnalités…). La Fondation FACE est présidée depuis 2008 par Gérard Mestrallet, PDG d’ENGIE.
Pourquoi avez-vous accepté de prendre la Présidence d’ACIDD et quelle est votre vision sur l’évolution de l’association ?
C’est d’abord l’histoire d’une rencontre… Une rencontre avec Gilles Berhault, le fondateur d’ACIDD, qui m’a séduit par son côté visionnaire et qui a créé cette association il y a 15 ans sur des sujets à peine émergents et qui sont devenus cruciaux : le rapport entre, d’une part, la communication et le développement durable et, d’autre part, ce que l’on appelait les NTIC et le développement durable. Mais ACIDD m’intéresse aussi parce qu’elle a su durer, en produisant des contenus qui ne sont pas seulement conceptuels, mais également opérationnels pour les entreprises, les collectivités locales… et tous les acteurs du développement durable. Ce que j’espère apporter à ACIDD, c’est de l’aider à prendre maintenant un nouveau virage. En effet, après la communication, les NTIC, il me semble que le nouveau sujet émergent est désormais l’intégration du social/sociétal dans le développement durable. J’espère pouvoir apporter mon expérience dans ce domaine à ACIDD qui, en retour, m’apportera certainement beaucoup sur des volets que je maîtrise moins bien, comme l’environnement.
Pourquoi l’intégration du social dans le développement durable vous semble-t-il un sujet important ? N’est-il pas intégré dans la définition même du développement durable ?
Aujourd’hui, dans la gouvernance mondiale comme pour l’opinion publique, le développement durable apparaît principalement assimilé à la protection de la nature. Malgré sa définition mettant en exergue l’indissociabilité de ses composantes environnementale, sociale et économique, il existerait ainsi une forme de hiérarchie ou d’ordonnancement dans les priorités du développement soutenable… Ainsi, dans son argument comme dans son programme, la COP21 vise essentiellement à « définir un cadre d’action permettant de contenir le réchauffement mondial, d’adapter les sociétés aux dérèglements climatiques et de favoriser un développement sobre en carbone ». Elle n’intègre donc pas explicitement d’objectif social, même si la dimension humaine de la Conférence reste sous-jacente.
Or, de l’appréhension des migrations climatiques à l’accompagnement des précaires énergétiques, du développement des emplois verts aux engagements citoyens pour une économie plus circulaire ou à l’intégration de la transition énergétique par les entreprises, l’actualité montre qu’une vision sociale et sociétale des questions climatiques est en marche. Ces avancées préfigurent sans doute l’avenir de notre société, des marchés et de notre planète. Mettre fin à la marginalisation du social dans le développement durable ouvre ainsi de nouvelles voies aux décideurs institutionnels, associatifs comme économiques. Pour tous les acteurs du système, penser, agir et communiquer plus « social », permet de faire la différence. Au-delà des politiques de réduction, d’atténuation et d’adaptation, une nouvelle écologie est désormais attendue. Après l’économie positive, une forme de « social positif » doit aujourd’hui s’affirmer.
Quels sont vos projets pour arriver à intégrer le social dans les négociations de la COP21 ?
A l’occasion de Solutions COP21 au Grand Palais, la Fondation Agir Contre l’Exclusion et le Comité 21, présidé par Gilles Berhault, organiseront le 9 décembre « Les Rencontres Sociales de Paris Climat 2015 ». Cet événement, que l’on pourrait qualifier – dans un vocabulaire Onusien – de « Social Day » de la Conférence, visera à appréhender les problématiques sociales liées au réchauffement climatique. Trois points d’entrée sont privilégiés :
- précarité et climat (accès à l’énergie, réduction des dépenses, transition énergétique…),
- santé et climat (dérèglement et pollution, pathologies et risques, prévention et traitement…),
- emploi et climat (emplois verts et nouveaux emplois, exclusion territoriale et insertion circulaire, qualité du travail et économie du partage...).
Et au-delà de la COP21 ?
Paris Climat 2015 constituera un momentum pour affirmer un développement socialement durable. Ce sera l’occasion de montrer que la lutte contre le réchauffement climatique appelle autant des solutions environnementales que sociétales et territoriales. Responsabilité sociale d’entreprise, développement humain et développement soutenable procèdent ainsi d’un seul et même principe de bien commun. Visons donc à un développement socialement durable, au bénéfice des générations futures. Développons nos « capabilités » pour faire société avec l’entreprise. Ouvrons le développement durable au social, aux entreprises et organisations « agentives »[1], c’est à dire celles qui veulent affirmer leurs propres capacités de changement comme leur potentiel d’action sur le monde.
Propos recueillis par Alain Chauveau
[1] En philosophie, l’agency (terme récemment traduit par agentivité) est la faculté d'action d'un être ; sa capacité à agir sur le monde, les choses, les êtres, à les transformer ou les influencer.
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Palmira Godwin (samedi, 04 février 2017 15:02)
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