L’innovation au service du climat : les exemples de 4 start-up françaises...

 Portée par ACIDD, en partenariat avec la Fondation FACE et Solutions COP21, cette soirée en pleine COP21 va réunir au Grand Palais l’éco-système de l’innovation et mettre en avant des projets de start up qui participent à l’invention d’un monde post carbone. Présentation de 4 de ces start-up françaises...

Algama, la start-up dopée aux micro-algues

Démocratiser les produits alimentaires à base de micro-algues pour répondre au choc alimentaire lié au changement climatique et à la démographie et créer ainsi une alimentation à la fois bonne et durable, c’est le défi que se sont lancés trois jeunes français…

 

Pour nourrir les 9,5 Mds d’humains que comptera la planète en 2050, trois nouvelles voies vont être développées : les légumineuses, les insectes, les micro-algues. Ce sont les solutions pour résoudre le problème de la diminution des terres cultivables, du manque d’eau douce et pour remplacer l’apport protéïnique de la viande dont on connaît l’impact de la production sur le changement climatique…

Les micro-algues - comme la spiruline, la chlorelle, l’odontella - sont des formes de vie unicellulaires microscopiques, présentes dans les milieux aquatiques et apparues il y a 3 milliards d’années. Elles produisent plus de la moitié de l’oxygène sur Terre , mais sont aussi des ingrédients complets, riches en différents nutriments (vitamines, acides aminés, gras, protéines. Elles ont été reconnues comme meilleur nutriment pour l’avenir par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

C’est sur ce constat que 3 amis d’enfance, Alvyn, Gaëtan et Mathieu ont lancé en 2013, leur start-up, Algama. Leur idée : démocratiser les produits alimentaires à base de micro-algues. En effet, alors que les micro-algues ont des propriétés qui en font de super-aliments, elles sont seulement consommées en complément alimentaire. Un des problèmes, identifié par expérience personnelle, par notre trio, sur la spiruline : ses contraintes organoleptiques. En clair, ça sent mauvais et le goût est terreux!

D’où la création de l’eau régénérante Springwave (http://www.springwave.fr/), réalisée grâce à l’extraction de composants actifs de la Spiruline. Cette boisson antioxydante est riche en vitamines et magnésium : les bienfaits, mais sans les désagréments ! L’innovation a déjà été récompensée par 2 prix au SIAL, le salon international de l’alimentation. Algama a déjà levé plus d’1 M€ sur la plateforme de crowdfunding Anaxago et mis en production son eau bleue.

Les premières bouteilles sont vendues dans les chaînes Thalasso Sofitel/Novotel du groupe Accor depuis quelques semaines et le déploiement national débutera dès 2016... L’année prochaine, Algama vise une nouvelle levée de fonds - entre 2 et 5 M€ - pour développer la production et la commercialisation de « l’eau bleue » - en particulier, ouvrir de nouveaux marchés comme les USA, mais aussi pour lancer de nouveaux projets produits comme une gamme de sauces de type mayonnaise végétale sans oeuf (spéciale vegan) à partir d’un autre type de micro-algues. Et là aussi, les grands Chefs qui l’ont déjà testé sont emballés par son goût!

 

Alain Chauveau

 

Lendosphere, le financement participatif de la transition écologique

 

Lendosphere est la 1ère première plateforme de crowdlending (prêts rémunérés) dédiée à des projets de développement durable. Elle permet aux particuliers d'investir leur épargne dans des projets avec des taux compris entre 4 % et 8%.

 

Un financement d’avenir qui a du sens, c’est le projet de Lendosphere (https://www.lendosphere.com/) créée par Laure Verhaeghe, ex-journaliste spécialisée énergie et finances du magazine Valeurs Vertes, et son associé Amaury Blais ex-analyste du secteur bancaire (Natixis, BNP Paribas,..). Les 2 associés se sont, en effet, engouffrés dans la première brèche dans le monopole bancaire du prêt pour créer leur start-up : le gouvernement a modifié la législation en créant le statut d'intermédiaire en financement participatif (IFP) qui permet, depuis le 1er octobre 2014, aux particuliers de prêter à des entreprises par le biais de plateformes internet. Seize plates-formes, comme le pionnier Unilend, se sont d'ores et déjà enregistrées auprès de l'Orias, le registre des intermédiaires en assurance, banque et finance et sont donc autorisées à proposer le financement de projets sous forme de prêts. Lendosphere est la première à se spécialiser uniquement sur le développement durable (projets du bâtiment, de l'énergie, de l'eau, des éco-activités, etc.). Elle propose donc une nouvelle relation directe et positive entre prêteurs et emprunteur. En effet, côté prêteur, c’est la possibilité de faire fructifier son épargne en lui donnant du sens : lutter contre le changement climatique en s'engageant individuellement dans les territoires. Les projets proposés (le plus souvent dans les EnR), ne demandent qu’un investissement individuel minime (à partir de 50 € jusqu’à 1000€ maximum), avec une durée des prêts allant de 2 à 5 ans et des taux d’intérêt annuel brut de 4 % à 8 % (intérêts soumis à CSG-CRDS et impôt sur le revenu). Ce taux d’intérêt est fixé par projet, en fonction de l’analyse du risque “Analyse des projets” (solidité économique et bénéfices environnementaux) réalisée par Lendosphere sur la base de deux critères : la note de confiance attribuée au porteur de projet (A, B ou C) et la durée du prêt. Le tout étant gratuit pour les prêteurs, car le modèle économique de la plateforme est basé sur le prélèvement de 4 % des montants collectés sur les emprunteurs.

Depuis son lancement le 10 décembre 2014, Lendosphere a déjà prêté 1 904 910€ (en date du 10 nov. 2015) pour 17 projets présentés (100% de collectes réussies), avec 1989 inscrits et 725 € prêtés en moyenne par prêteur

Parmi ces projets, la première centrale solaire de Namibie réalisée par Innovent (72 230 € récoltés), la ferme éolienne de Clamecy-Oisy réalisée par Abo Wind (115 000 € récoltés)… Mais aussi des projets portés par de grands énergéticiens comme EDF Energies nouvelles a recueilli 135.000 euros pour un futur parc éolien (20 mégawatts) dans les Vosges. Cette somme servira à financer les études préalables à la construction du parc, dont le montant global d'investissement devrait s'élever à plusieurs millions d'euros. Une première-test pour EDF sur un mécanisme de financement qui pourrait aussi avoir l’avantage de contribuer à améliorer l'acceptabilité des projets d'énergies renouvelables, alors que beaucoup subissent des recours en justice d'associations ou de particuliers opposés à leur développement.


Alain Chauveau

 

Newmanity, pour un développement digital durable


 

 

Face au sentiment croissant de défiance des internautes quant à l’usage de leurs données personnelles, amplifié par les abus de certaines sociétés, de nouveaux acteurs comme Newmanity veulent leur redonner confiance et prouver qu’un usage éthique et durable du web est possible…

 

Créée en 2012, Newmanity (https://newmanity.com/) a pour ambition de développer un usage positif et durable du web. La start-up développe le 1er réseau social sur les questions de développement durable. La plateforme constitue un véritable média pour des projets socialement innovants et écoresponsables. Plus de 70 000 membres, principalement en France et en Belgique, ont déjà rejoint la plateforme. Mais, pour Newmanity, un usage positif et durable du web passe aussi par un modèle basé sur l’éthique et la création de valeur pour les utilisateurs et la communauté. Face aux modèles dominants du web, basés sur l’exploitation commerciale des données et au développement de l’usage du Big Data sans éthique, Newmanity veut proposer une alternative. La start-up a ainsi lancé en septembre 2015 un service de messagerie qui répond aux aspirations citoyennes de protection de la vie privée, et de respect de l’environnement. Newmanitymail garantit la « privacy » : aucune information personnelle collectée ; pas de lecture des contenus échangés ; pas non plus d’utilisation de trackers comportementaux ; et les services Newmanity sont garantis sans publicité! Newmanitymail permet également de réduire son empreinte carbone, en divisant par deux le CO2 émit par ses mails. En effet, d’après une étude de l’Ademe, un mail avec pièce jointe d’environ 1Mo consomme environ 20 g de CO2. Cela équivaut à 25 watt par heure. En une heure plus de 10 milliards de mails sont envoyés, soit l’équivalent de 4 000 tonnes de pétrole. Dans la chaîne d’envoi d’un mail, les principaux impacts environnementaux proviennent des Datacenters, qui fonctionnement 24 h sur 24 et 7 jours sur 7. C’est pourquoi, Newmanity a choisi d'héberger ses services chez Greenshift, aux Pays-Bas, seul opérateur en Europe à proposer des Datacenters à bilan carbone neutre. L'utilisation de Newmanitymail permet aux utilisateurs de réduire d'environ de moitié leur consommation de CO2 lors de l'envoi d'un mail : soit environ 10 g au lieu de 20 g. Enfin, pour compenser le restant de carbone, Newmanity s’est engagée avec son partenaire Reforest Action dans la plantation d’arbres dans la région du Sine Saloum (Sénégal). Au-delà de l’impact environnemental ce projet mobilise les populations locales et leur permet de recréer un développement économique pérenne ; c’est-à-dire en phase avec la préservation de l’environnement.

Enfin, pour son modèle économique, Newmanity joue sur deux tableaux :

- un modèle éco-participatif. L’utilisation de la messagerie est gratuite, mais les utilisateurs peuvent la rémunérer sous forme de « tips », de dons

- une version payante, sur abonnement (environ 4€/adrese/mois), pour les entreprises apportant une capacité de stockage plus importante, un nom de domaine de l’entreprise (au lieu de « nty »), une sécurité renforcée…


Alain Chauveau

 

WAIR, le foulard anti-pollution

Cette start-up, lauréate du défi Cisco dans la catégorie jeunes entrepreneurs, a imaginé un accessoire de mode capable de filtrer l'air, lié à une appli pour créer la communauté des « WAIRers »…

 

 

Caroline Van Renterghem a lancé sa start-up, Wair (http://wair-france.com/), sur une idée qu’elle a eue parce qu'elle fait régulièrement du vélo à Paris : un foulard capable de filtrer la pollution et doté d'un capteur. En effet, Caroline qui travaillait alors dans la mode, avait essayé plusieurs masques antipollution, mais elle les trouvait tous désagréables, trop serrés, et surtout plus laids les uns que les autres… Elle a donc lancé son projet en novembre 2014 et décroché, 6 mois après, le Prix Jeunes Entrepreneurs du défi Cisco. Ce prix, initié et porté par des salariés de Cisco France, a pour ambition d'être un révélateur des talents de la transition numérique puis de les accompagner dans la création de leur entreprise. Wair a ainsi reçu une dotation de 35 000 euros comprenant un apport financier, du matériel Cisco, l'accompagnement de professionnels de l’entreprise. Les foulards Wair, déclinés en plusieurs couleurs et tissus, disposeront d'une petite poche dans laquelle se trouve un filtre innovant et ne laissant passer aucune microparticule nocive. Un premier prototype est en cours d’achèvement. Une seconde version est déjà en chantier avec un capteur connecté, analysant la qualité de l'air et prévenant son utilisateur. Il sera lié à une application «be awair» permettant de disposer sur son smartphone d'indications précises sur la qualité de l'air, grâce à un ensemble de données publiques agrégées, et de recevoir des alertes personnalisées, par exemple concernant des allergies. Mais les WAIRers pourront aussi contribuer, grâce à leur capteur, à la création d'une base de données collaborative, indépendante et citoyenne de la qualité de l'air. Ces données créeront une carte en temps réel et permettront des indices encore plus personnalisés et des propositions de trajets pour limiter son exposition à la pollution. Wair qui est soutenue par l’incubateur INNOTEX (spécialisé dans l’accompagnement de projets de création d’entreprises dans les domaines textiles, basé au Centre Européen des Textiles Innovants à Tourcoing), envisage une campagne de crowdfunding en 2016 pour lancer la commercialisation de ses foulards début 2017, en e-commerce et en partenariat avec de grandes marques.


Alain Chauveau

 


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